Bonjour à toutes et tous,
Avec l’automne, je vous retrouve ce matin pour une nouvelle balade botanique à la découverte des curiosités botaniques de la saison. Nous l’avons tous vu : la végétation a sérieusement « morflé » cet été, laissant des prairies sèches, des feuilles mortes dans les arbres. La nature paraît vide. Néanmoins, septembre est un excellent mois pour observer les différentes stratégies des plantes pour préparer la prochaine saison du printemps/été. Je vous propose donc une balade à la découverte de toutes ces stratégies.
Pour ce billet, je m’appuierais sur les articles de Sauvage du Poitou : le voyage des plantes et Sauvages du Poitou : les fruits pour les termes techniques.
Partons donc dans une prairie séchée par l’été. En marchant, je me dois de faire une petite précision botanique. Chez les plantes, la structure qui contient et protège l’embryon végétal est (bien) la graine. Ces graines sont souvent formées en masse par les plantes afin d’être semées en masse et d’avoir une chance non nulle que de jeunes plants survivent.
Pour voir cette production en masse de graines, nous pouvons nous arrêter devant une fleur qui forme une capsule protectrice, dans laquelle se retrouvent les graines. La capsule est au départ fermée, puis s’ouvre selon différents systèmes de fentes à la bonne saison. Vous voyez ici une capsule de stéhéline douteuse mais vous pouvez trouver le même système chez la nigelle de damas, l’œillet d’Inde de nos jardins.
Dans les capsules originales, se trouvent les siliques des brassicaceae (choux, roquette, cardamine..) qui forment des capsules longues et fines et donc les parois se détachent à la bonne saison. Un exemple ci dessous avec le chou potager.
Pour certaines plantes, la graine est protégée par une enveloppe charnue : le fruit. A noter qu’un fruit rassemble d’un point de vue botanique deux types d’enveloppes protectrices :
- Les drupes : fruits à noyaux : où la graine est protégée par un noyau comme pour nos pêches abricots, prunes…
- Le baies : fruits sans noyaux : où les graines sont situées sans protection dans une enveloppe charnue : tels que le raisin, les tomates..
- A noter que nos mûres sont un cas particulier de polydrupe : car c’est un agglomérat de multiples drupes.
Nos plantes forment des graines ou des fruits, il s’agit maintenant d’assurer qu’ils atteignent bien le sol pour germer, voire sont envoyés loin de la plante mère pour aller coloniser de nouveaux espaces. La aussi la nature a une multitude de stratégies qui lui permettent d’explorer (ou non) de grands espaces. Profitons de notre balade botanique septembre 2022 pour en découvrir quelques unes.
Première stratégie : s’en remettre simplement à la gravité. On parle alors de barochorie. C’est simplement attendre que les graines tombent à la verticale sur le sol, roulent si possible et aillent explorer quelques mètres aux alentours. C’est la stratégie classique de nos chênes et de leurs glands que l’on retrouve en masse au pied de chênes. A l’automne, si on écoute bien, on peut « entendre tomber les glands » et au printemps suivant, voir une multitude de bébés chênes se lancer dans la grande aventure de la vie.
Autre stratégie des graines : se faire disséminer par le vent.On parle alors de plante anémochore. A noter que ces plantes ont souvent des capacités d’exploration longue distance. Pour atteindre cet objectif, les plantes ont élaboré différentes techniques.
- Il y a déjà la technique gracieuse des aigrettes que nous connaissons particulièrement sur nos chers pissenlits. Mais celle-ci se retrouve chez un nombre certains de plantes de la famille des Asteraceae (cirse, laitues, épervières,… ) ce qui assure une large dispersion des espèces. Deux exemples ci-dessous avec les cirses communes et les salsifis des prés
- Nous avons aussi la technique des hélicoptères volants des samares des érables. Ces samares seront portées par le vent sur plusieurs dizaines de mètres, ce qui assure une bonne capacité de colonisation des espaces libres par les érables.
Autre méthode de dissémination : s’accrocher au pelage des animaux ou aux vêtements des humains. On parle d’epizoochorie. Ce sont des plantes dont les graines ont développé différents systèmes d’accroches : épines, crochets, colle.. pour s’installer clandestinement sur toute bestiole passant dans le coin. Voici par exemple les graines de (si je ne me trompe pas) sison amone garnies de nombreux petits crochets. Vous pouvez trouver le même système du des luzernes ou de certaines graminées comme les « herbes aux écouvillons ».
Autre système dissémination l’endozoochorie (du grec endo : à l’intérieur) qui consiste à voyager dans le système digestif des animaux avant d’être éjecté à bonne distance des pieds mères. C’est le cas certains et appétissants fruits, où l’enveloppe est dégustée par l’animal et la graine, résiste au système digestif des animaux, et fini en « cadeau » sur le sol. Les plantes les plus réputées dans ce systèmes sont le Merisier ou le Sorbier des oiseaux (en photo).
Les graines de plantain majeur, situées au ras du sol, sont un autre exemple de ces graines digérées par les oiseaux et disséminées au 4 vents. A noter que l’option « shooter dans le plantain » par tout humain de passage est une autre option de dissémination epizoochore..
Dernière méthode de propagation dont il me faut parler : l‘anthropocorie ou transport par les humains, qui rassemble toutes les méthodes de déplacement des plantes réalisées par les humains. Cela peut être les collectes volontaires de plants ou de graines pour les ramener dans le jardin, le transport involontaire de graines sur les vêtements, comme le transport au gré (du vent) des trains qui passent pour notre sénéçon du cap (en photo); plante que l’on voit beaucoup sur les voies chemin de fer en cette saison. Et oui, même avec les meilleures intentions, nous transformons notre environnement.
En espérant que cette balade botanique septembre 2022 vous a plu, intéressé, amusé, je vous souhaite une bonne journée