Bonjour à toutes et tous,
Ce matin je vous propose de partir en balade botanique rendre visite aux plantes et s’amuser de leurs traits de caractère. Mais cette fois nous n’allons que peu loin, juste dans mon potager, pour découvrir que nos potagères ont plein de points communs avec nos sauvages. Si l’idée vous amuse, venez.
Juin est clairement un des mois d’abondance potagère, avec la fin des légumes de printemps et la pousse souvent frénétique des légumes d’été. C’est souvent à ce moment-là que les fleurs potagères apparaissent de partout et peuvent parfois nous rappeler celles que l’on croise sur les chemins de campagne. Cette ressemblance n’a rien au hasard : nos potagères sont souvent des sauvages sélectionnées pour leurs saveur, leur productivité, leur facilité de culture ou de consommation. Une des pierres fondatrices de cette culture potagère est la capitulaire de Villis de Charlemagne qui recommanda d’installer quelques plantes bien choisies dans les potagers.
Bref, ce que je vous propose aujourd’hui, c’est de s’arrêter regarder les fleurs de mon potager, trouver la famille de plante et rechercher une plante sauvage de la même famille. Depuis plusieurs mois, j’ai laissé partir en fleurs nombre de mes légumes dans cet objectif (quitte à avoir un potager dans un état de bazar avancé, cf. photo du haut …). Le résultat me semble être une belle diversité de familles à découvrir. Allons-donc
Commençons donc cette balade botanique juin 2023 par regarder nos légumes d’hiver qui continuent leur cycle de vie au lieu de s’arrêter dans notre assiette. Vous le connaissez avec les feuilles blanches ou vertes et sa saveur qui se suffit à elle-même … et peut être moins avec ses grosses fleurs roses. Voici notre poireau en fleur. C’est ici que l’on reconnaît son appartenance à la famille des Alliacées (ou des ails), caractérisés par une haute tige, une inflorescence ronde et une odeur notable. Un autre Alliacée est l’oignon qui présente aujourd’hui de joli globes de fleurs blanches..
Du côté des sauvages on peut actuellement trouver dans le Gers une sacré diversité d’ails sauvages (des Alliacée) avec leurs tiges hautes et leurs têtes ronde. Un des plus courant est l’ail des vigne (lien herbier), en dessous.. A noter qu’il existe même un « ail faux poireaux »que vous pouvez parfois voir dans les friches.
Autre légume d’hiver, j’ai nommé ici le navet (boule d’or). Quand on l’oublie dans le potager, la racine développe une haute tige rameuse, se terminant en plein d’inflorescences aux fleurs jaunes dorées. Certains d’entre vous feront sans doute le parallèle avec la moutarde sauvage (lien herbier) et donc la famille des Brassicacée. Gagné. A noter que cette famille rassemble aussi les choux, la roquette, les radis…
Passons de la fin de l’hiver au début de printemps avec nos épinards (que j’ai laissé fleurir). Leurs inflorescence est assez discrète : la tige se prolonge en épi et l’on trouve des verticilles de fleurs vert-jaunes, petites. A noter que les blettes sont sur le même format avec plein d’inflorescences emplies de petites fleurs verte. Généralement, ce sont les abeilles qui vous informent de leurs floraisons.
Ces fleurs discrètes et ces inflorescences en épis sont typiques de la famille des Amaranthes (Amaranthus). Une certaine (mais discrète) variété de plantes de la famille des amaranthes sauvage colonise nos villes et nos potagers. Voici en exemple l‘amaranthe hybride (lien herbier) qui s’installe gentiment dans les espaces abandonnés pendant l’été.
Continuons d’avancer dans la saison et regardons les céleri branche aujourd’hui en fleur. Ils présentent des inflorescences en ombelle, elles mêmes organisées en petites sous ombelles blanches. Le céleri est de la famille des Apiacées (ex-Ombellifière). Il descend notamment de l’ache nodiflore dont on peut retrouver quelques pieds à droite à gauche dans la campagne. Les Ombellifères sont très nombreuses dans les prairies et les forêts entre la mi printemps et la fin de l’été.
On y trouve par exemple les différentes sortes de cerfeuil, le sison, ou encore le panais sauvage, L’ombellifère la commune est sans doute notre carotte sauvage (lien herbier) qui fleuri en été et même en temps de sécheresse. Elles ne vont pas tarder de fleurir chez nous.
Nous avons fait la récolte courant mai et les quelques têtes d‘artichaut restantes offrent aujourd’hui le ballet coloré de leurs fleurs vives. Je dois avouer que le côté flashy m’a toujours émerveillé. Les artichauts font partie de la famille des Asteracées, souvent reconnaissables par leur inflorescence en capitule c’est à dire en « coupelle » composée. Cette coupelle semble héberger un grand nombre de « pétales » mais en fait ce sont chacun une fleur qui adopte soit une forme tubulée (tube) soit une forme de ligule (tube + 1 pétale). L’artichaut possède une capitule tubuliflore : fleurs toutes tubulées.
Autre forme d’Asteraceae qui pousse dans nos potager : nos salades. Ci dessous une scarole d’hiver que j’ai laissé monter en fleurs. Les capitules sont liguliflore : fleurs toutes ligulées (pétale).
Du côté des sauvages, la famille des Asteracée est la 2e famille possédant le plus d’espèces (derrière les orchidées) et la variété des fleurs et des capitules reste impressionnante. Nous avons notre classique pissenlit avec ses capitules liguliflores Ou les centaurées (nb : plusieurs variétés) qui démarrent sa floraison dans le Gers, avec des fleurs composées (ici, une centaurée scabieuse). Vous pouvez repérer dessus les deux types de fleurs : les tubulées au centre, les ligulées à l’extérieur. A ces deux là, je pourrais rajouter les pâquerettes, marguerites, camomille, crépides, sénéçon, chardons, cirse etc…
Continuons la balade botanique juin 2023 et passons dans les fleurs potagères de fin de printemps avec ici mes pois gourmands (qui ont été très en fleur sur juin). Beaucoup d’entre vous reconnaîtrons dans doute une des fleurs typiques des Fabaceae : famille des pois, dans laquelle nous retrouvons petits pois, pois gourmands, haricots, mais aussi pois chiches et lentilles.
Du côté des sauvages, nous en avons vu une grande partie pendant le printemps, sous le petit nom de gesse ou de vesce. En cette fin juin, c’est surtout la vesce de cracovie (lien herbier) qui fleuri dans les champs et bordures de champs, apportant des teintes colorées.
Je n’ai pas trouvé de légume se rapportant à cette famille mais il me semblait important d’en parler. Voici notre thym (un Thym Orange d’ailleurs…), de la famille des Lamiaceae. Cette vaste famille s’identifie par des feuilles disposées de manière opposée sur les tiges, une tige souvent carrée, des fleurs symétriques et bi-labiées : en forme presque de gueule. On y retrouve une grande partie de nos aromatiques méditerranéennes : thym, sauge, romarin
Du côté des sauvages, on trouve dedans les jolies sauges communes (lien herbier) qui agrémentent les prairies et font le régal des butineurs.
Passons aux légumes d’été et à ces familles de plantes potagères que l’on adore. Je vous présente déjà notre duo (en fait trio) : courgette-concombre-courge ou famille des Cucurbitacées. Chacune ont des fleurs jaunes aux pétales soudées, des feuilles plus ou moins grandes, et ont tendance à bien s’étaler sur le sol.
Avec l’arrivée tardive des curcubitacées dans les potagers (les courgettes et courges sont originaires des Amériques), il n’existe pas pléthore de plantes de la même famille dans nos sauvages. La seule que je connaisse est la bryone, une plante grimpante des haies, aux fleurs vert-blanchâtres…dont les feuilles et la texture des pétales de fleurs peuvent effectivement rappeler nos courges.
Je terminerais cette balade botanique juin 2023 avec la star de nos plantes potagères, la tomate, dont tout le monde connaît les petites fleurs jaunes en étoile. Cette tomate appartient à la famille des Solanaceae, dans laquelle on retrouve nos pommes de terre ou nos aubergines.
Pour cette famille là, aussi, point de grande diversité des sauvages. Mais l’on retrouve assez aisément la morelle noire aux fleurs blanches et fruits noirs. Le mot « Solanacées » vient du latin sōlānum qui désignait une morelle, probablement la morelle noire (lien herbier), lui même dérivant du latin solari (soulager ) ou latin sōl (soleil), peut-être en raison de la forme de la fleur. Il y a une anecdote assez amusante sur les solanacées : toutes contiennent de la solanine, une substance toxique dont on ne mange par la plante n’importe comment. Les parties riches en solanines (potentiellement toxiques) ne se consomment pas comme :
- les pommes-de-terre vertes
- les feuilles, tiges et fruits immatures de la tomate .
- la morelle noire jeune et ses fruits non mûrs
A noter que pour la morelle noire, ses feuilles bouillies et ses fruits mûrs (noirs) sont comestibles et consommés à différents endroit du globe.
Voilà; notre balade botanique juin 2023 entre les potagères et les sauvages se termine ici. Je pourrais encore discuter des heures des fleurs des différentes potagères mais le temps me manque 🙂
J’espère en tout cas que la balade vous a plu, et vous dit à bientôt !