Bonjour à tous,
Ce matin je vous propose que nous discutions autour de nos dernières lectures : romans, polars, romans à se vider l’esprit, ce que vous souhaitez 😉
De mon côté, je vous propose deux livres complexes, pour réfléchir, se questionner, nous sonder et sonder la société. Un dernier baroud de réflexion avant la pause estivale d’août.. Et deux livres qui m’ont énormément marquée.
« Le meilleur des monde » d’Aldous Huxley
Ce roman dystopique (= contraire d’une utopie) m’a depuis longtemps été conseillé par mon mari « Lit le. Il est dérangeant, et fait changer notre manière de voir les choses ». Me sentant enfin prête à affronter ce type de livres, je m’y suis lancée :
En résumé
Nous sommes en l’an 632 de Notre Ford. L’essentiel de l’humanité vit au sein d’un état mondial, et est organisée en castes. Les Alphas, l’élite, les bêta, travailleurs intelligents, les gamma, la classe populaire… Dans cette société, tout le monde est heureux, au pire, il y a le soma pour les humeurs passagères.
Là-bas, dans des réserves, vivent encore quelques sauvages. Ils ne sont pas éduqués et subissent encore des émotions. Qui sont-ils ? C’est amusant pour les élites Alphas de les observer… et ce serait peut-être amusant d’en emmener un dans ce meilleur des mondes ?
Mon avis
(Re)connu comme un incontournable des romans d’anticipations.. ce roman fut une vraie claque. Je l’ai attaqué avec appréhension, mais dès le premier chapitre, le style si bien écrit et cette projection dans une « potentielle future société » m’ont happée. Impossible de décrocher jusqu’à la dernière ligne.
Je pourrais vous parler de la forme, qui permet une lecture aisée, mais je préfère me concentrer sur le fond. Dès les premières lignes, nous sommes projetée dans une société qui se veut futuriste, tout en restant bien proche de la nôtre. Les progrès de la science ont rendu la sexualité inutile pour faire des enfants, à l’aide de drogues les émotions deviennent des encombrants, tout est orienté vers les loisirs. Une société idyllique où règne le calme et l’apaisement.
Mais derrière cette façade, se cache une dure réalité : programmé dès la naissance, conditionné tout au long de la vie, hommes et femmes sont promis à une vie sans réelle saveur. Les éléments introduits dans le livre ont des échos terribles avec notre quotidien, ce qui le rends plus percutant : conditionnement par les médias, par les annonceurs… Alors que le livre fut écrit en 1932
Bien vite, à la vision de cette société où les émotions sont bannies, j’ai appris à valoriser les miennes : parfois contente et d’autre fois bien déprimée, souvent angoissée mais appréciant le bien être de mes promenades, heureuse des petites choses de mon quotidien mais souvent stressée.. Au final, mieux vaut une vie riche en émotions qu’une illusion de bonheur
Bien vite, je me suis demandée « dans la réalité » où se situe encore notre liberté, notre libre arbitre ? Jusqu’où sommes-nous conditionnés par « la société » en ayant l’illusion de choisir ? Pour se conformer au modèle social, on suit l’école, on doit gagner de l’argent, trouver l’amour, être heureux.. Ne serais-ce que notre consommation quotidien, n’est -elle pas au final façonné par les « annonceurs » et pas nous même ?
J’ai longuement réfléchi à l’issue de ce livre. Je ne crois pas que notre société tendra vers ce modèle de société de l’ultra conditionnement, vu que les réseaux sociaux diffusent information/idées/créativités plus vite que les « grands annonceurs ».. Mais je pense qu’il faut rester vigilant : ne pas suivre les tendances si elles ne nous parlent pas, accepter d’être ce que l’on est, accepter les autres et leurs envies.
Bref, un coup de cœur que je vous recommande très vivement si vous ne l’avez pas lu. Ne serais-se que pour sa « culture perso », pour réfléchir, pour le plaisir, pour être ébahi de la clarté cet auteur qui écrivit ce livre en 1932… cela vaut le coup de l’attaquer.
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N°2 : La part de l’autre – Eric Emmanuel Schmitt
18H30, gare de Valence, pour un déplacement pro. « Mince, j’ai oublié de prendre un bouquin« . Direction le relay, j’attrape le premier Roman dont le titre me parle « Tiens, cela parle d’Hilter.. Encore un ? (lit rapidement le résumé) .. L’approche est différente, je tente. »
En résumé :
8 Octobre 1908 : Adolf Hilter : Recalé
Mais que ce serait-il passé si Adolf H n’avait pas été recalé à l’école des beaux-arts de Vienne ? Que serait-il devenu s’il s’était lancé dans une carrière de peintre et pas d’homme politique ?
E.E Schmitt nous propose une histoire (de 1908 à leur mort) romancée et parallèle de ces deux personnages : Hilter, le jeune SDF qui trouve une raison de vivre dans la guerre puis dans la politique, et Adolf H, jeune peintre qui apprends à s’ouvrir à son art, aux autres, et à la tolérance
Mon avis
Côté forme : c’est bien écrit et se lit (très) bien. On se projette dans l’époque, dans le contexte, dans la tête des deux personnages sans difficultés. Seul bémol, comme l’auteur décrit en parallèle les deux histoires, il y a parfois des sauts de l’une à l’autre d’un paragraphe à l’autre qui peuvent être complexes à suivre.
Côté fond :
Excusez l’expression, ce Roman fut pour moi une « énorme baffe ». Sujet difficile, controversé, que d’imaginer l’histoire d’un Adolf H qui ne serait pas devenu dictateur, et de paralléliser son vécu avec Hilter (H*) de l’Histoire.
Au tout début de la lecture, limite on éprouve de l’empathie pour les deux personnages partis d’un même point, et puis au fil des pages, alors qu’on voit le processus d’extermination se concrétiser dans l’esprit de H* , on éprouve de la gêne, on espère que non, cela ne sera pas ainsi.. Et on le voit, et on a mal. On (je) n’ai pu tolérer l’inexcusable.
D’un autre côté, on voit Adolf H évoluer dans son rapport aux autres, dans ses amours, dans son acceptation de ses faibles, dans l’acceptation qu’il n’est qu’un simple homme parmi d’autres. L’empathie se poursuit jusqu’au point de souhaiter qu’il en fut ainsi…
Bref..
Le parallèle Adolf H /H* est extrêmement intéressant pour suivre l’évolution psychologique des personnages : Alors qu’Adolf H apprendra à accepter son passé douloureux, accepter sa part d’ombre, accepter les autres et les respecter, H*, rejeté, honni, s’enfermera dans le narcissisme et le déni de la réalité. Il se sent investi d’une mission, « pour le bien absolu » et ira jusqu’au bout. Sans donner l’explication du « pourquoi le nazisme ? », ce livre donne des billes d’interprétation, un point de vue… sans jamais lui donner raison.
Au-delà de la vie des personnages, ce livre amène à beaucoup de réflexion : Qu’est ce qui fait que nous laissons plutôt notre part d’Ombre s’exprimer ou notre part de « Bonté » ? Est-ce l’éducation ? l’acceptation de l’existence des autres ? Peut-on basculer d’un côté ou de l’autre si on rencontre une tuile sur notre route ? (je sais, cela fait très Star Wars, mais c’est la bonne image ^^) . Et pire encore « Qui sont les véritables « salauds ? »
En synthèse : Je vous conseille de le lire, tout en vous indiquant qu’il vous faudra être dans une période de « moral au beau fixe » . C’est un Roman difficile à lire et à accepter, un Essai très osé de l’auteur, mais mené d’une main de maître. Tout au long on passe par diverses émotions, on se questions, on évolue… et c’est tout le « charme » de ce roman..
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Voilà, pour le mois d’août et les vacances, promis, je vous parlerais de quelque chose de plus léger (après ces deux-là, la légèreté était de rigueur) ^^
En attendant, n’hésitez pas à me parler de vos lectures et découvertes 😉
Bonne journée à tous 🙂
Ton billet me fait penser que ça fait un moment que je n’ai pas lu un bon livre. Les vacances seraient une belle occasion pour moi de me remettre à la lecture. Ces titres feront bien l’affaire !
J’ai déjà lu « la part de l’autre » et j’ai beaucoup apprécié ce livre. Déjà pour son écriture et pour le sujet qui pousse à une réflexion osée. Là je viens de terminer « la fille du train » qui m’a beaucoup plu…
J’ai lu « Le meilleur des mondes » il y a longtemps et j’avais trouvé ce livre un peu dérangeant à l’époque …. Pourquoi pas le relire à nouveau tiens !
Merci pour ton avis
Bisous
Effectivement, ces romans dystopiques (celui là, « 1984 », etc.. ) sont dérangeants.. mais je pense que c’est l’objectif, et un moyen de pousser à la réflexion.
Pour ma part, si le premier chapitre m’a vraiment dérangé (l’incubation), le reste beaucoup moins. Les concepts m’ont tellement amené à réfléchir que cela m’a sans doute fait passer le cap.
N’hésites pas à le relire, c’est vrai que selon les époques/la maturité, on ne perçoit pas les choses de la même manière.