Bonjour à tous,
Je vous retrouve ce matin pour discuter autour des livres et des derniers romans qui sont passés entre mes mains. Au programme, deux découvertes : un classique américain et un détour du côté de l’Algérie
N°1 – « Ce que le jour doit à la nuit » de Y. Khadra
Je vous avait présenté il y a peu « la dernière nuit du Raîs » qui m’avait fait découvrir cet auteur.. Ayant particulièrement apprécié l’auteur, je me suis aussitôt replongé dans un autre de ces romans, et un des plus connus.
C’est l’histoire de Younes/Jonas, enfant d’Algérie des années 1930. Sa famille initialement propriétaires de petits champs, est obligée de migrer sur Oran pour sortir de la pauvreté et espérer une vie meilleure. Mais après un nouveau coup du sort Younes est confié à son oncle, un riche pharmacien. Sorti de la pauvreté, il ne reverra jamais les siens et se mêlera et se lie d’amitié aux « colons français » qui se sont devenus propriétaires des terres d’Algérie. Jeune homme puis homme de parole et d’honneur, il restera spectateur de son amour envers une française Émilie sans jamais oser s’engager. Et lorsque la guerre d’Algérie éclatera, opposant les algériens autochtones dont il est issu aux « colons français » il ne voudra pas s’engager pour l’un ou pour l’autre, tiraillé entre ses origines et ses amis.
Côté Style, c’est le style Khadra , extrêmement toujours bien écrit, assez fluide, des bons mots et des belles phrases. Un style qui m’avait beaucoup plu dans la « dernière nuit du Raîs » et que je retrouve ici.
Côté histoire, c’est une histoire d’amour sur fond de fresque sur l’Algérie « fin colonialisme ». Même si l’intrigue se déroule essentiellement source dans une banlieue d’Oran tranquille, on perçoit les oppositions entre les autochtone souvent plongés dans la misère, les colons français parfois riches, puis les remous de la guerre d’Algérie qui prends forme dans les grandes villes. Par Jonas, on raconte l’Histoire sans réel parti pris, ce qui permet de se faire son propre jugement sur les évènements, mais laisse aussi un « fond d’ennui » car on verrait bien notre narrateur s’engager. Personnellement, cette simple évocation de la guerre (et pas une vraie partie prenante) m’a un peu laissé sur ma faim, mais elle m’a poussé à aller chercher plus loin.
Côté personnages, si on s’attache à l’enfant Younes qui est sorti de la misère, personnellement j’ai été parfois « agacée » de son aspect passif dans l’histoire ou dans son amour avec Emilie. C’est le seul gros reproche que je ferais au livre, car j’aurais apprécié plus d’engagement, plus d’émotions du narrateur, afin de donner plus de consistance à son roman. Cependant cela se tiens, et c’est un autre monde que nous découvrons avec lui.
En quelques mots, un bon roman, même si j’ai trouvé qu’il « manquait de force » par rapport à « La dernière nuit du Raïs » si bouleversant. A lire pour voyager dans un autre pays, un autre temps, apercevoir une autre culture, et pourquoi pas, chercher plus loin.
N°2 – « L’attrape cœur » de J.D Salinger
Cela faisait plusieurs fois que j’entendais parler de ce roman comme un « must hread » de la littérature américaine des années 60, entouré de « mystères » car c’est le seul livre publié par cet auteur. A force de l’entendre, et bien j’ai craqué, et me suis accrochée à le lire
Nous suivons Holden Caulfield, un adolescent, renvoyé de son lycéet rois jours avant Noël qui fugue quelques jours avant de devoir rentrer chez ses parents. Marqué par la mort de son frère, il est déprimé, blasé par le monde et n’a comme attache que sa petite sœur Phébé. Pendant ses trois jours, il erre à New York, va de rencontres en rencontres, tentes de vivre « comme un grand » dans l’alcool, l’amour ou le sexe, tout en restant obsédé par la question « d’où vont les canards de central parks quand le lac est gelé ? ». Où son errance va le mener, on ne le sait pas..
Dès les premiers mots du roman, j’ai été surprise par le ton, le langage et la construction des phrases. On lit le phrasé oral d’un ado, souvent argotique; parfois emballé, parfois déconstruit, qui saute du coq à l’âne, ou de l’enthousiasme au dégoût. Ce n’est pas toujours facile lire et à suivre, mais on sens bien que la « représentativité » est là : Salinger a voulu « coller » à son personnage, et ce même par le style.
Côté histoire, c’est l’histoire d’une errance entre deux mondes : le monde de l’enfance où Holden « fait l’idiot » ou s’intéresse à des questions légères (les canards) et le monde des adultes avec l’alcool, l’amour, les responsabilités… On sent dès le départ que cet adolescent est paumé, déjà blasé et ne sait pas trop quoi attendre de la vie et encore moins des autres « tous barrés ». Nous le suivons dans sa fugue quasi aussi désemparés que lui, sans trop savoir ce qu’il va faire la minute d’après, sans savoir vers va le récit, en étant spectateur impuissant de ses changements décousus d’émotions. Sincèrement, l’histoire est assez difficile à suivre, il faut s’accrocher pour tenir ce scénario parfois décousu, mais qui plonge inexorablement.
Bref, c’est un roman que j’ai trouvé difficile à lire, relativement dur où parfois je suis passée de l’énervement face au langage argotique et au laissez aller d’Holden.. à l’empathie sincère envers cet adolescent perdu. A la fin, c’est un livre qui m’a interpellé sur le mal être que peuvent ressentir les ados i on ne les accompagne pas et/ou ne les écoute pas dans cette transition entre l’enfance et l’adulte. Sans vraiment avoir aimé ce livre, je pense qu’il est à « avoir lu », pour cette prise de recul envers l’adolescence, parfois bien derrière nous.
Je vous le conseille si vous ne le connaissez pas, mais prévoyez un bouquin distrayant derrière, car il est vraiment « dur » et pourra vous donner envie « d’un petit remontant » 😉
Et vous, quels sont vos dernières lectures ?
Bonne journée !
j’ai tous les livres de Yasmina Khadra….j’adore
Merci beaucoup pour la découverte de ces romans
Bonne journée
bises Christelle
Deux très bons romans que j’ai beaucoup appréciés moi aussi. Merci pour la présentation. Bonne semaine!