Bonjour à tous
Ce matin, je vous invite au salon autour d’un thé/café/chocolat et des petits gâteaux (j’ai fait des madeleines 😉 ) pour discuter de nos dernières lectures au rayons romans. Pour ma part, deux bonnes découvertes, qui étonnamment prennent lieu autour des années 60.
N°1 : « L’amie prodigieuse – Le nouveau nom » d’Elena Ferrantes
On ne présente plus la saga napolitaine d’Elena Ferrantes, centrée autour de l’histoire de deux amies dans le Naples des années 60+. J’avais lu le premier tome avec curiosité mais sans trouver une forte accroche. C’est cette même curiosité qui m’a poussée à tenter le deuxième.
Nous retrouvons Lila et Lenu, 16 ans toutes deux, lors du mariage de Lila. Se sentant trahie par son mari Stefano qui a vendu au Solara la célèbre paire de chaussure conçue par son frère et elle, Lila rejette et méprise son nouveau mari. Dès lors elle entre dans une spirale de violences quotidiennes, de haines, d’intrigues, de comportements aberrants. De son côté Lenù poursuit de brillantes et studieuses études au collège et s’éloigne de son amie d’enfance. Éperdument amoureuse de Nino, elle rêve en secret qu’il s’intéresse à elle.
Lorsque viens l’été, toutes deux partent en vacances sur Ischia, et y retrouvent par hasard Nino. Espérant que son amour prendra forme, Lenù tente de se rapprocher.. Mais c’est sans compter l’ombre de Lila, qui rôde encore sur elle.
Entre trahisons, abandons, retrouvailles et résilience, nous suivons la vie de ses deux amies que les chemins de vie opposent. Au travers elles, nous naviguons dans deux sociétés, celle des quartiers populaires et celle du monde brillant de l’instruction, dans une Italie aux portes de la modernité.
Mon avis
Malgré mes premières appréhensions, a ma très grande surprise, au bout de quelques pages, j’ai été happée par l’histoire.
On se retrouve dans un Naples en plein changements, navigant tantôt un mode appauvri ou les gens se débattent pour s’en sortir (Lila), tantôt dans le monde instruit et moderne (Lenu). On navigue dans les intrigues financières et/ou amoureuses du quartier de Naples, voyant tous les personnages du premier tome s’affirmer, devenir indépendants, construire leur vie et leur famille. Les alliances et amours se font et se défont.. Il en est de même pour l’amitié des deux jeunes filles qui se renforce puis se casse, reviens et repars.. Clairement, on ne s’ennuie pas dans les pages.
Je reprochais au premier tome le manque de consistance du personnage de Lenu, qui vivait uniquement par procuration via Lila. Dans ce tome, c’est avec plaisir que je l’ai vu évoluer, s’affirmer, mettre de la distance avec ses racines. Instruite, aux comportements plutôt modernes, c’est avec satisfaction que je l’ai vu s’en sortir. Quand à Lila, on retrouve un comportement provocateur, contradictoire, parfois insensé…. Puis c’est avec étonnement et compassion que j’ai commencé à le comprendre à la fin du tome. L’amitié entre ces deux filles reste étonnante, incompréhensible, mais elle reste le ciment du livre.
Au final, je lirais avec un grand intérêt la suite, savoir jusqu’où l’amitié de Lenu et de Lila va nous porter.
En conclusion : un tome à lire pour ceux qui ont déjà découvert le premier – même si vous hésitez à lire la suite – , et une saga à découvrir pour ceux qui ne connaissent pas.
N°2 : « Profession du père » de Sorj Chalandon
Je suis tombée sur ce livre par complet hasard et le synopsis n’a fait qu’aiguiser ma curiosité. Pour le citer :
» Un jour, [mon père] m’a dit que le Général l’avait trahi. Son meilleur ami était devenu son pire ennemi. Alors mon père m’a annoncé qu’il allait tuer de Gaulle. Et il m’a demandé de l’aider.
Je n’avais pas le choix.
C’était un ordre.
J’étais fier. «
Nous suivons l’histoire d’Emile Choulans et de sa famille, autour de la fin de la guerre d’Algérie. En rendant l’Algérie, le Générale de Gaulle a trahi son plus proche ami et conseiller, André Choulans, père d’Emile. Furieux, ce dernier prends sa décision : il tuera de Gaulle au nom de l’OAS (*), et ce sera son fils qui accomplira l’acte. Pour Emile, c’est l’occasion de rendre son père fier de lui, lui qui n’avait que des bulletins scolaires médiocres. Aucune mission ne lui semblera insurmontable : tagger des murs, faire des pompes en pleine nuit… Mais quand viendra le jour J, que se passera-t-il ? Comment satisfaire ce père qui fut aussi pasteur, parachutiste, footballeur, espion, grand ami d’un américain ?
Mon avis :
J’ai commencé ce livre en sachant d’où je partais.. pour le finir dans un lieu que je n’aurais jamais cru découvrir. On rejoint le quotidien d’Emile et de sa père auprès d’un père violent, excessif, mais on accepte ce comportement en supposant qu’il devait être « acceptable » dans le contexte des années 60.. Puis, peu à peu, le doute s’installe, des questions se posent : jusqu’où iront nos personnages ? jusqu’où ira Emile pour rendre fier son père ? Et ce père, es-il si extraordinaire ? Face aux doutes, les explications arrivent au 2/3 du livre puis se révèlent effarantes … et délivrantes.
C’est un livre bien écrit, entre le drame et la comédie, où j’ai eu du mal à me détacher. Toute l’intrigue monte crescendo, ce qui m’a tenue en attente de la suite. Quand arrive l’explication, j’ai immédiatement voulu tout savoir… puis suis arrivée à la dernière page avec regrets, et beaucoup de compassion pour Emile. L’histoire m’a clairement interpellée, « pris aux tripes » et j’ai refermé le livre en sachant qu’il m’aura marqué.
En bref : Un roman qui m’aurait marqué, et que je conseille pour ceux qui souhaitent découvrir une page de vie dure mais bouleversante. L’histoire ne plaira certainement pas à tous, mais je pense qu’elle vous restera. Je vous le déconseille vraiment en phase de « déprime » … un legardinier sera mieux 😉
Voilà, c’était mes dernières lectures.. Et vous ?
Bonne journée !
Note (*) OAS : Organisation Armée secrète, organisation clandestine ayant existé entre 61 et 62 et ayant pour objectif de défendre la présence de la France en Algérie.
Plus d’infos :
http://www.babelio.com/livres/Ferrante-Lamie-prodigieuse-tome-2–Le-nouveau-nom/805172
http://www.babelio.com/livres/Chalandon-Profession-du-pere/722390
Ma dernière lecture « la vie secrète des arbres » de Peter Wohlleben, numéro UN des ventes en France comme en Allemagne, n’est pas un roman mais se lit comme un roman passionnant qui par petits chapitres de cinq pages nous apprend comment les arbres communiquent et ce qu’ils ressentent.
Mieux encore que « un an dans la vie d’une forêt » de David George Haskell.